Gérard
Manset publie un 24ème album, “L’Algue Bleue”, qui conforte son statut
totalement à part dans le paysage musical français. C’est notre Bob
Dylan. Sauf que dans son cas, on parlera de Never Beginning Tour. Ce
qui ne le rend que plus mystérieux. Entretien avec une légende bien
vivante.
RECUEILLI PAR STAN CUESTA pour Rock&Folk (n° 682-Juin 2024)
LE PATRON DU RESTAURANT CHINOIS S’AVANCE AVEC UN GRAND SOURIRE : “Vous
êtes avec Monsieur Gérard ?” Anonymat ou familiarité ? On
ne le saura pas, mais cela résume assez
bien la dualité du personnage. On imagine
Manset austère, secret, limite autiste.
“Monsieur Gérard” arrive, sympathique, disert, drôle... La
conversation s’entame, off the record. A contrario de son image
de “Solitaire”, Manset insiste sur la nécessité d’avoir un
copain, un alter ego. Il fait l’éloge de Laurent
Malek, son ami d’enfance avec qui il a débuté dans les
sixties puis tenu le studio de Milan ; de Bernard Estardy
et de son studio CBE ; enfin de Jacques Ehrhart, son
comparse actuel en studio depuis “Matrice”, et
de Nicolas Comment, son ami et photographe attitré... Oui,
nous sommes bien avec Monsieur Gérard.
L’œuvre :
ROCK&FOLK : Votre carrière et Rock&Folk ont débuté à peu près en même temps...
Gérard Manset : A Rock&Folk, il y avait Bayon (qui signait alors
Bruno T, ndr) pour les premiers articles, une très belle critique de
deux pages. J’ai eu la chance de n’avoir quasiment que de très
bonnes critiques. Une ou deux fois, j’ai eu des cassages de gueule en
règle...
Mon côté un peu désinvolte a dû en agacer quelques-uns et ça s’est parfois retourné en mauvaises critiques injustifiées.
R&F : Pensez-vous en termes d’œuvre ?
Gérard Manset : Je suis toujours dans ce qu’on peut appeler l’œuvre, je
continue les mêmes albums, ils s’enchevêtrent, se superposent,
s’entrecroisent, j’ai toujours des titres qui ont dix ans, d’autres
très récents...
R&F : C’était déjà le cas de “Royaume De Siam”...
Gérard Manset : Oui mais à cette époque, ils se chevauchaient sur
trois, quatre ans, maintenant c’est sur quinze ans, quelquefois
vingt ! Dans le dernier album, “Monsieur” a au moins quinze ans. J’en
ai dix versions, plus longues, plus courtes, avec des cordes, sans
cordes, avec une voix de fille, sans voix de fille... Et le
premier titre, “Comment Tu T’Appelles”, date du Studio de Milan ! Enfin
la maquette...
R&F : Vous reprenez les bandes d’époque ?
Gérard Manset : Non, je réenregistre tout. Le seul pour lequel j’avais
exhumé des bandes de Milan, c’est “On Nous Ment”, dans “Blossom”, qui
est d’ailleurs beaucoup passé en radio... Certaines personnes ont
reconnu les guitares sèches que j’avais faites avec David Woodshill.
R&F : Parlez-nous de lui.
Gérard Manset : C’est un Anglais qui avait débarqué à Paris, qui jouait
avec des tas de musiciens, très dandy, immensément talentueux, il
aurait pu faire une carrière à la Mark Knopfler... Avec le jeune
guitariste du dernier album, Fabien Mornay, qui joue très bien, on
était en studio, on faisait un petit break, je me suis mis à parler de
David. Je lui dis : ‘J’ai eu un studio pendant six ou sept ans, j’y ai
fait quelques albums, j’avais un guitariste anglais, il arrivait, il
prenait n’importe quelle râpe, accordée, pas accordée, avec des cordes
en moins, il jouait, une prise, il partait, c’était un
chef-d’œuvre’. Bon, ça n’a pas de sens de dire ça, alors... Je
n’avais jamais fait ça, je vais sur YouTube et je lui mets dans les
enceintes “2870” ! Ah, là, il a pâli... Et moi aussi d’ailleurs, parce
que je ne l’avais jamais entendu comme ça.
R&F : Vous appartenez au monde de la pop?
Gérard Manset : Je n’ai jamais été là-dedans, d’abord parce que je ne
fais pas de scène et que j’ai arrêté la télé depuis quarante ans. Donc,
sans télé, sans scène, c’est quand même problématique d’envisager des
comparaisons avec le showbiz ou la musique pop...
R&F : Mais on pourrait vous dire : “il faut un titre qui passe à la radio” !
Gérard Manset : Ah mais on me l’a souvent dit ! C’est concevable, j’ai
un producteur, Warner, j’ai des budgets d’albums très conséquents, j’ai
toujours eu une grande liberté, je fais ce que je veux, donc la moindre
des choses, c’est qu’en retour... Je n’ai jamais fait d’album
complètement délirant. Je suis très soucieux de l’intelligibilité.
J’essaie d’être plus proche de Balzac que du Nouveau Roman.
R&F : Quid du premier album ?
“Golgotha”, c’est superbe, pourquoi ne pas le ressortir ? On
n’a jamais vraiment compris...
Gérard Manset : Moi non plus... (Silence) Je ne le renie pas mais...
C’est périphérique, ça ne m’amuse pas. C’est bricolé, c’est une sorte
de fausse inspiration. Non, mon univers, je l’assume, c’est “Est-ce
Ainsi Que Les Hommes Meurent”, c’est “Matrice”, c’est “Lumières” qui
fait dix minutes. Des choses qui flirtent avec la psychanalyse. Le
reste, je m’en fous. On pourrait me dire que “Golgotha” flirte aussi
avec la psychanalyse. Non, ça flirte avec le catéchisme bas de gamme...
Quand ça n’est pas bien, il ne faut pas le ressortir. Surtout pour
faire quoi ? Pour vendre trois albums ?
Inconditionnels
R&F : Outre “Il Voyage En Solitaire”, vous avez eu quelques chansons avec un côté pop...
Gérard Manset : Oui, j’en ai encore, mais on ne les entend pas de la
même manière parce que la voix est plus âgée. Plus près du premier
album, d’ailleurs, avec toujours cette veine 1968. Je vous en cite une
: “L’Amour En Océanie”, c’est “La Femme Fusée” !
R&F : Donc, vous appréciez toujours “La Femme Fusée”...
Gérard Manset : Oui, j’y pense à chaque album. Je ne l’ai
pas remise, parce qu’il y a une deuxième partie avec tout l’orchestre
qui délire, ça monte, il y a des cuivres, je me vois mal réenregistrer
tout ce bordel pour quatre mesures... Mais “La Femme Fusée” est prête à
partir.
R&F : Qu’est-ce qui vous pousse à continuer ?
Gérard Manset : J’ai encore un grand nombre d’inconditionnels. Ne
serait-ce que pour cette petite chapelle, qui a fini par me convaincre
que j’avais... pas du talent, c’est bien au-delà, c’est une identité
qu’aucun autre n’a... Peut-être Bob Dylan, dans le monde anglo-saxon...
R&F : Et les Bashung, Higelin, Christophe, vos contemporains ?
Gérard Manset : Malheureusement, aucun des trois n’est encore là, alors
je peux dire, avec beaucoup de respect, ce que je pense, parce que je
les ai croisés, je les admirais. Mais je ne me suis jamais senti comme
eux... Higelin avait beaucoup de talent de compositeur, mais c’était un
fêlé complet. Bashung était dans un registre autre. J’étais très
admiratif, il était remarquable, mais je ne crois pas que j’aurais été
pote avec lui à quarante ans. Non, moi, je ne suis pas dans le showbiz,
je suis dans la littérature ! Les artistes veulent du pognon, des fans,
être adulés... Moi j’ai toujours refusé tout ça. Il n’y en a qu’un,
mais qui a mal viré, c’était Jean-Louis Murat... Il avait du talent,
une veine de compositeur. J’étais censé le produire, mais quand
j’ai entendu ce qu’il avait fait, je lui ai dit : “écoute ce n’est pas
la peine, tu n’as besoin de personne...” Il l’a mal pris, il a cru que
je ne voulais pas. Au bout de quelques albums, j’aurais peut-être pu
intervenir. Comme j’aurais pu intervenir sur Gainsbourg par exemple,
mais jamais on ne me l’aurait autorisé. Autour d’eux, personne ne leur
disait : “tu sors du cadre, là”... Bon, on me dit souvent la même chose
: “mais enfin, personne ne te dit rien ?” C’est une sorte d’hypnotisme.
J’endors tout le monde ou quoi (sourire) ?
Du déconneur Dada à l’introversion et à la gravité
Vingt-quatre albums tels qu’ils sont parus à l’origine — les douze
premiers en vinyle. Les multiples rééditions CD, orchestrées par
Manset, seront l’occasion pour lui de réorganiser son œuvre : des
chansons disparaîtront, voire des albums entiers, d’autres
réapparaîtront ailleurs...
Il s’en explique : “J’entends sempiternellement dire : il nous
resaucissonne ses titres, il change les compositions des albums... Je
paie le fait de ne pas avoir été une sorte d’escroc qui mettrait sur un
CD la même durée qu’un vinyle, 40 minutes, alors qu’un CD,
c’est une heure...
Donc il reste vingt minutes à remplir. Voilà, moi je les ai remplies. Pour ça, il faut remanier les albums.”
“Gérard Manset”(1968)
Un culte entoure cet album plusieurs fois réédité en LP sous le titre
“Gérard Manset 1968”, mais jamais en CD. Il contient le fameux premier
single, “Animal On Est Mal” mais aussi d’autres pépites, avec des
arrangements de cordes et un son de basse fabuleux. Manset ne s’y
reconnaît pas : “Ça ne m’empêche pas d’être assez admiratif, mais...”
Et si on lui dit que beaucoup de gens l’adorent, il répond : “Oui, oui, et je les comprends, c’est Ubu Roi.”
“La Mort D’Orion”(1970)
“Quand le directeur de Pathé a entendu l’album, il est tombé de sa
chaise... C’est porté par un son miraculeux, analogique, et par une
voix toute jeune... Rendons grâce à Bernard Estardy. Je n’aurais jamais
pu faire ça ailleurs, j’avais beau arriver avec les pires délires en
tête, il était partant pour tout ! Mais ‘La Mort D’Orion’ m’a fait
tomber dans une sorte de névrose, ma barbe a poussé, je me suis
interrogé... On est passé du déconneur Dada à la Magritte à
l’introversion et à la gravité. J’étais le premier désarçonné... Tout
le monde croit que je faisais mes albums dans un état second, jamais !
Je ne bois pas, je ne fume pas. Je suis debout à 9h du mat’, je n’écris
pas la nuit. Je ne regarde pas les étoiles, je vis sur les étoiles.”
“Long Long Chemin”(1972)
“L’Album Blanc”, aussi titré “Manset” — comme les deux suivants — ou
“Celui Qui Marche Devant”, d’après l’une de ses grandes chansons, ne
fait pas partie des préférés de son auteur, qui a bloqué sa réédition
jusqu’en 2017 : “Je le trouvais presque impudique... Et quelques
phrases ne me plaisaient pas, je les trouvais un peu... auteur SACEM.
J’aime à la fois être complètement inattendu, déglingué, mais dans
l’orthodoxie de la poésie. Donc, il y avait un ou deux mots...”
Ça suffit à empêcher la réédition d’un album ?
Monsieur Gérard, dans un éclat de rire : “Oui, pendant quarante ans !”
“Y a Une Route”(1975)
Manset l’appelle “Le Solitaire”- du nom de son unique vrai tube, “Il
Voyage En Solitaire”, qu’on retrouve ici — et il en garde un souvenir
mitigé : “C’est quand même aussi très grave, ‘On Sait Que Tu Vas Vite’,
‘Attends Que Le Temps Te Vide’...” Les artistes ne sont pas toujours
les meilleurs juges de leur production : ce disque est un chef-d’œuvre.
“Rien à Raconter”(1976)
Manset a-t-il des albums préférés ?
“De moi ? Bien sûr. Les années Milan, presque tous... Pas le deuxième,
‘Rien A Raconter’, parce qu’après le “Solitaire”, j’étais un peu
déglingué par le succès...” Ce que laisse deviner son titre.
Mais ce disque contient deux pures merveilles, “Les Vases Bleues” et
“Rouge Gorge”, intégrées à d’autres albums lors des rééditions CD.
“2870”(1978)
L’un des meilleurs, avec son morceau titre splendide et terrifiant.
Manset le sait : “Celui-là est du niveau de tous les Anglo-Saxons du
monde !” A l’époque, il déclare ne se mesurer qu’à des artistes comme
Pink Floyd. Il tempère aujourd’hui : “Pink Floyd, ils passaient un an
en studio, ils étaient quatre, ils avaient tous les producteurs du
monde. Moi j’étais seul... Je bricolais mes trucs chez moi, ‘2870’, la
bande est inaudible, c’est des bouts, c’est moi qui ai tout refait. Je
n’en suis pas si content parce qu’à part le long morceau titre, de
l’autre côté, il y a ‘Jésus’ et je ne sais plus quoi, je m’en fous un
peu...” Mais il contient aussi “Le Pont” et “Amis”, deux de ses plus
belles chansons.
“Royaume De Siam”(1979)
Encore un jugement sévère sur un album de toute beauté : “Enregistré en
une journée, on a fini à minuit. Il y a des titres très bien, mais je
vais un peu dans tous les sens...” Le morceau “Royaume De Siam”est un
sommet. Avec son ambiance orientale, son sitar et ses cordes, c’est le
“Kashmir” de Manset.
“L’atelier Du Crabe”(1981)
Son album le plus rock’n’roll avec le morceau titre et surtout le
formidable “Manteau Rouge” : “J’étais jeune, avec une inspiration aussi
quelquefois sur des titres rapides, cool... ‘L’Atelier Du Crabe’, de
temps en temps, il me venait un truc comme ça, léger, pourquoi pas ? Je
n’ai pas de problème avec ça.”
“Le Train Du Soir”(1981)
“J’étais très content d’un titre qui s’appelait ‘Marchand De Rêves’...”
Ce morceau de douze minutes est effectivement le sommet de cet album
moins marquant que les trois suivants.
“Comme Un Guerrier”(1982)
“Lumières”(1984)
“Prisonnier De L’Inutile”(1985)
La fameuse trilogie : “Là, on entre dans le dur !” Rien à jeter ? “On
ne peut pas dire ça. Ça ne serait pas raisonnable. Simplement, on est
obligé de tout prendre. Voilà, ces trois-là, on prend tout. Pour moi,
c’est UN album. J’ai du mal à les dissocier. Je peux mettre un titre de
l’un dans un autre...”
“Matrice” (1989)
“Revivre”(1991)
“Matrice” a été le premier album de Manset directement disque d’or (100
000 ventes à l’époque), son plus grand succès, excellent de bout en
bout, intense et inspiré. Pour lui, il forme un tout avec le suivant :
“C’est un seul album. Parce que dans ‘Revivre’, il y a aussi quelques
titres... ‘Tristes Tropiques’, magnifique, les cordes, j’étais content
!‘Matrice’/ ‘Revivre’, on prend tout.”
“La Vallée De La Paix”(1994)
“Jadis et naguère”(1998)
Déjà, dans “Revivre”, on pouvait regretter l’utilisation d’une boîte à
rythmes au son assez daté. Ces deux albums des années 1990 souffrent de
problèmes similaires : “J’ai voyagé pendant au moins dix ans dans tous
les coins de la planète, je n’ai sorti que deux albums. Et il y a
surtout le fait que c’était les débuts du numérique... C’était
effrayant, pas un studio ne s’en sortait, un cauchemar. Là, sur le plan
de la production, on pourrait critiquer. Bon, ce n’est pas grave, parce
qu’à l’époque, les autres n’avaient pas mieux.”
“Le Langage Oublié”(2004)
“Obok” (2006)
“Manitoba ne Répond Plus”(2008)
Trois albums importants qui marquent un net retour en forme. Manset
retient surtout les deux derniers : “Ah oui ! Je mets ‘Manitoba’ et
‘Obok’ ensemble. ‘Le Pays De La Liberté’, ‘Jardin Des Délices’,
personne n’a ça !” “Comme Un Lego”, qui ouvre “Manitoba”, sera
interprété par Bashung sur son dernier album, “Bleu Pétrole”, qui
contient quatre chansons de Manset (dont une étonnante version du
“…Solitaire”).
“Un Oiseau s’est Posé”(2014)
Double album sur lequel Manset reprend des anciens titres, certains en
duo, comme “Animal…” avec Deus : “C’était une demande contractuelle de
Warner, j’ai dit ok... Pourquoi pas ? Au contraire, j’adore ça. Si
demain il fallait que je refasse le premier album, je le referais !
Mais surtout refaire ‘Lumières’, ça, je l’avais en tête. Et puis
‘Matrice’ ! Et ‘Le Train Du Soir’, avec Axel Bauer, superbe !” Le plus
beau duo, c’est une version incroyable du mythique dernier titre de “La
Mort D’Orion” : “On a au moins la preuve que si j’avais eu quelques
Américains...‘Élégie Funèbre’ avec Mark Lanegan, ça dégage !”
“Opération Aphrodite”(2016)
“À Bord du Blossom”(2018)
“J’étais très content, les gens ne se rendent pas compte qu’il y a cent
fois plus de travail là-dedans que dans un album de n’importe qui. Dans
ces deux disques, il y a des chansons très lisibles et très claires :
‘Le Lys Dans La Vallée’, tout à fait limpide, ‘Que T’Ont-Ils Fait ?’...
Néanmoins, l’ensemble étant entrelardé de tous ces textes de voyage, de
navigateurs ou d’Aphrodite, les gens sont paumés, ils ne sont plus dans
le rock titre à titre. Mais ça n’est qu’à moitié mon problème.”
“Le Crabe aux Pinces D’Homme”(2022)
“L’algue Bleue”(2024)
“Donc je me suis écarté de ce que j’avais fait sur ces deux albums, qui
me plaît beaucoup plus comme travail de créateur, où j’avais des
textes, des interventions, on partait dans un délire, une sorte de
saga, un péplum qui n’en finit plus, ça j’adore. J’en ai vendu quand
même, j’ai eu beaucoup de presse, mais j’ai cru comprendre que même
ceux qui aimaient, tout ça les égarait... Le public de la musique, même
s’il aime Jacques Brel ou Léo Ferré, ce ne sont pas des littéraires,
ils s’en foutent de Pierre Louÿs, d’Urfé ou de ‘Lord Jim’... Donc je
suis revenu, avec ‘Le Crabe Aux Pinces D’Homme’, à un album où j’aligne
des titres, et avec celui-ci, ‘L’Algue Bleue’, pareil.”