CHAÎNES
Otez-moi ces chaînes que je vois la ville
Que je connaisse encore ces reines de beauté
Qui défilaient la nuit sur des chars allumés
Tandis que des capsules de Brahma éventées
Jonchaient le macadam dans l’asphalte incrustées
Comme autant de médailles qui les auraient tentées
Comme autant de médailles
Otez-moi ces chaînes que je vois la ville
Otez-moi ces chaînes
Que je goûte à nouveau
A ce que j'ai goûté
Que je vois la chenille
Où je suis monté
Que je sente les guenilles
De ce monde tout à côté
Et les millions de familles
Se glisser
Otez-moi ces chaînes que je vois les eaux
Que je connaisse encore la mer démontée
Où je me suis baigné dans les docks et les ports
Couverts de madrépores aux lèvres ciselées
Comme l’or des Incas que l’on voit ruisseler
Jusqu’au Krakatoa, que l’on voit ruisseler
Otez-moi ces chaînes que je connaisse encore
Otez-moi ces chaînes que je les vois danser
Ces reines de la nuit sur leurs chars entrelacées
Couvertes de pierreries et de satin moiré
A la tiare qui se soulève dans le jour qui va monter
A la tiare qui se soulève dans le jour
Otez-moi ces chaînes que je les vois qui se promènent
Otez-moi ces chaînes que je les vois qui se promènent
Dans le jour qui se lève, qui s’est déjà levé
Dans le jour qui se lève