BANLIEUE NORD
 

On passe au pied d’une grande cheminée
De brique et de pierre.
La pluie la neige se sont mises à tomber
Sur les manteaux d’hiver.
Plus moyen de voir autre chose que la misère
Dans cette ville de bazars et de parkings déserts.
Les enfants des îles qui dansent sous la lumière,
Sous la grande lumière
reviennent
Traîner le long des épaves
Les chevelures sans foulard
Dans filles grandies trop tard
S’endormaient sur le sol,
Dans les caves, les entresols,
Revivant toujours l’histoire
Prises par les gamins du square.

Mon Dieu, montrez-vous quand même,
Les jours de communions, les baptêmes,
Bénissez les robes blanches
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche,
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche.


On passe au pied d’une grande tour carrée
Avec ses miradors.
La pluie, la neige, la sciure sur le pavé,
On y pense encore.
C’est là qu’on a vécu et, de toute manière,
Les enfants des îles, c'étaient tous nos frères
Et qu’on le veuille ou non, on peut plus s’en défaire,
Sous la grande lumière
Des parkings déserts
reviennent,
Comme des chats tombés d’une gouttière,
Les visages tristes et sans paupières
Des enfants qui jettent des pierres.

Mon Dieu, montrez-vous quand même,
Bénissez les robes blanches
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche.


Et la nuit, dans les draps,
La seule chose qu’on veut pas
Et qu’on craigne encore,
Et qui nous glace d’effroi,
C’est banlieue nord.
On a beau tout faire,
Quand on remue la terre
Ça bouge encore.
C’était banlieue nord
Et ça saigne encore.

Et la nuit, dans les draps,
La seule chose qu’on veut pas
Et qu’on craigne encore,
Et qui nous glace d’effroi,
C’est banlieue nord.
On a beau tout faire,
Quand on remue la terre
Ça bouge encore.
C’était banlieue nord
Et ça saigne encore
C’était banlieue nord.