DANS UN JARDIN QUE JE SAIS


Dans un jardin que je sais, comme une ombre venait
De longs cheveux sur elle,
Et moi je me disais : « Que je revive »
Une fois, elle a choisi, dans le creux de sa main,
Quelque chose comme un fruit, quelque chose comme un fruit
Et moi, je me suis dit : « Mon Dieu, que je revive,
Que je sois cette mûre, cette simple cerise,
Accrochée contre un mur, qu’elle me voit,
Par sa paume m’attraper, je resterai sans voix,
Par sa lèvre, touché. »
Nous nous sommes trouvés dans le mitan du lit
C’est ce que j’avais rêvé dans les contes et légendes,
Alors, je me suis dit : « Mon Dieu, qu’elle m’entende
Que je sois cette ramure, cette simple cerise,
Accrochée contre un mur, et qu’elle me voit
Par sa paume m’attraper, je resterai sans voix,
Par sa lèvre, mordu. »
Mais ce jardin, c’est ma rue, près de chez moi
Peut-être m’avez-vous vu, me tourner vers quelque chose
Mon Dieu me dire : «  Si je pouvais la suivre,
Être ce buisson de roses, vers lequel elle se tourne
Où son regard se pose, et dont elle se détourne pour autre chose,
Et dont elle se détourne pour autre chose. »
Être ce buisson de roses....
Être ce buisson.